En matière d'éthique, il n'y a qu'un seul principe qui s'applique: on ne modifie pas les règles pour les adapter aux gens; les gens doivent plutôt adapter leurs comportements aux règles établies. Alors, quelqu'un peut-il expliquer quelle mouche a pu piquer le premier ministre Jean Charest — surtout à ce moment-ci — pour modifier, pour la troisième fois en cinq ans, le code d'éthique qui s'applique à ses ministres?
C'est exactement le pire message à envoyer à ce moment-ci.
Cette fois, on permettra donc à un ministre de posséder une entreprise qui fait affaire avec le gouvernement et même avec son propre ministère. Autrefois, le ministre en question avait 60 jours pour soit vendre ses actions, soit les placer en fiducie.
Des principes adaptables?
« Il y a des cas particuliers qui requièrent qu'on regarde le cas particulier et qu'on puisse adapter les règles aux cas particuliers sans les abaisser », tentait d'expliquer, plutôt mal que bien d'ailleurs, le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis. « La directive, elle est ajustée toutes les fois qu'un ministre remplit une déclaration d'intérêt, pour tenir compte des situations particulières des ministres », déclarait au Devoir, l'attaché de presse du premier ministre. Bref, les principes sont adaptables à chaque situation particulière.
Ce qui signifie, au fond, qu'on n'a pas de principes fixes en matière d'éthique, qu'on n'a qu'à modifier le code au gré des circonstances. D'autant que tout le monde s'attend à ce qu'une personne qui entre en politique accepte les règles qui s'appliquent à ses nouvelles fonctions; ce ne sont pas les règles qui doivent changer pour plaire aux nouveaux élus. Remarquez qu'il se pourrait fort bien qu'on fasse de tels changements pour une peccadille. On avait déjà changé le code d'éthique pour permettre à la conjointe d'un ministre qui avait une petite entreprise de traiteur de continuer de faire affaire avec le gouvernement.
Au gouvernement, on s'est très certainement dit que personne n'allait se déchirer la chemise pour si peu. Le problème, c'est qu'on a ici un exemple flagrant de ce qui arrive quand on n'a pas des principes clairs en matière d'éthique. Puisqu'on avait déjà fait un petit accroc, on s'est dit qu'on pouvait en faire un autre. Et tous les ministres, ayant bien appris leur leçon, sont venus dire devant les caméras que le fait de changer le code d'éthique n'avait aucune importance puisque tout cela se faisait « en pleine transparence ».
29 avril 2009
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